Dans une interview à paraître vendredi dans Le Figaro, Alexandre Medvedev, le vice-président de Gazprom, n’écarte pas un risque de pénurie de gaz en Europe en début d’année si la Biélorussie détourne le gaz russe traversant son territoire.
Il ne reste que quatre jours pour aboutir à un accord avec la Biélorussie. Où en sont les négociations?
Alexandre Medvedev. – J’ai un devoir de discrétion sur leur contenu. Ce dont je peux vous assurer c’est que nous avons fait à la Biélorussie des propositions qui prennent en compte toutes les spécificités de son économie. En particulier le fait qu’elle fait partie d’une union économique avec la Russie.
C’est-à-dire?
Le contrat que nous proposons prévoit qu’à partir du 1er janvier et pendant quatre ans Gazprom facturera un prix de 105 dollars par millier de mètres cubes. Ce prix pourra être payé en numéraire à hauteur de 75 dollars et sous forme d’actions de Beltransgaz ( la société biélorusse qui contrôle le réseau de canalisations, NDLR ) pour le solde de 30 dollars. Il sera indexé sur l’évolution des prix intérieurs du gaz à la clientèle industrielle et commerciale russe. S’agissant de la valeur de Beltransgaz, notre calcul conclut au chiffre de 5 milliards de dollars pour 100% des actions alors que les évaluations les plus optimistes ne dépassent pas 3,6 milliards. À titre de comparaison, le gazoduc en cours de construction sous la Baltique coûtera 5,6 milliards de dollars. Nous sommes donc prêts à payer 2,5 milliards de dollars pour une participation de 50% dans Beltransgaz.
La Biélorussie juge-t-elle cette offre insuffisante?
J’ai été surpris il y a deux jours du départ inopiné de nos collègues biélorusses de la table de négociation. Et j’ai trouvé grotesque leur chantage avertissant nos clients européens d’une interruption du transit du gaz russe sur le territoire biélorusse. Si vous comparez notre offre avec les conditions tarifaires du marché mondial, vous mesurerez l’importance de nos concessions ( le prix mondial du gaz se situe autour de 240 dollars le millier de m³, NDLR ). La Biélorussie n’a pas ratifié la charte de l’énergie. De notre côté nous appliquons à titre provisoire ses principes de base dont l’un stipule la séparation entre le transit et la fourniture d’énergie.
Alors pourquoi la Russie ne ratifie-t-elle pas ce traité comme l’Union européenne l’y exhorte?
Parce que nous ne sommes pas convaincus des effets positifs de cette organisation sur le développement du marché du gaz.
Si vous coupez le gaz lundi à la Biélorussie, que se passera-t-il pour vos clients européens?
Nous n’allons pas couper le gaz à la Biélorussie. Dans le monde entier, tout fournisseur qui livre ses marchandises le fait en application d’un contrat de vente. Tant qu’il n’y aura pas de contrat signé, il n’y aura pas de livraison. S’agissant des conséquences pour nos clients, je suis confiant dans le fait qu’il n’y en aura probablement pas. Nous avons constitué des réserves souterraines et nos clients ont fait le plein de leurs stocks. Nous pouvons aussi optimiser le flux de gaz transporté via l’Ukraine voisine. Mais si la Biélorussie prélève une partie du gaz que nous destinons à nos clients européens et qui traverse son territoire, ce gaz manquera au système. Je ne peux donc pas exclure un rationnement contraint de notre offre et donc des pénuries pour nos clients. J’invite vivement mes collègues biélorusses à bien réfléchir avant de s’engager dans cette voie.
Alexandre Medvedev. – J’ai un devoir de discrétion sur leur contenu. Ce dont je peux vous assurer c’est que nous avons fait à la Biélorussie des propositions qui prennent en compte toutes les spécificités de son économie. En particulier le fait qu’elle fait partie d’une union économique avec la Russie.
C’est-à-dire?
Le contrat que nous proposons prévoit qu’à partir du 1er janvier et pendant quatre ans Gazprom facturera un prix de 105 dollars par millier de mètres cubes. Ce prix pourra être payé en numéraire à hauteur de 75 dollars et sous forme d’actions de Beltransgaz ( la société biélorusse qui contrôle le réseau de canalisations, NDLR ) pour le solde de 30 dollars. Il sera indexé sur l’évolution des prix intérieurs du gaz à la clientèle industrielle et commerciale russe. S’agissant de la valeur de Beltransgaz, notre calcul conclut au chiffre de 5 milliards de dollars pour 100% des actions alors que les évaluations les plus optimistes ne dépassent pas 3,6 milliards. À titre de comparaison, le gazoduc en cours de construction sous la Baltique coûtera 5,6 milliards de dollars. Nous sommes donc prêts à payer 2,5 milliards de dollars pour une participation de 50% dans Beltransgaz.
La Biélorussie juge-t-elle cette offre insuffisante?
J’ai été surpris il y a deux jours du départ inopiné de nos collègues biélorusses de la table de négociation. Et j’ai trouvé grotesque leur chantage avertissant nos clients européens d’une interruption du transit du gaz russe sur le territoire biélorusse. Si vous comparez notre offre avec les conditions tarifaires du marché mondial, vous mesurerez l’importance de nos concessions ( le prix mondial du gaz se situe autour de 240 dollars le millier de m³, NDLR ). La Biélorussie n’a pas ratifié la charte de l’énergie. De notre côté nous appliquons à titre provisoire ses principes de base dont l’un stipule la séparation entre le transit et la fourniture d’énergie.
Alors pourquoi la Russie ne ratifie-t-elle pas ce traité comme l’Union européenne l’y exhorte?
Parce que nous ne sommes pas convaincus des effets positifs de cette organisation sur le développement du marché du gaz.
Si vous coupez le gaz lundi à la Biélorussie, que se passera-t-il pour vos clients européens?
Nous n’allons pas couper le gaz à la Biélorussie. Dans le monde entier, tout fournisseur qui livre ses marchandises le fait en application d’un contrat de vente. Tant qu’il n’y aura pas de contrat signé, il n’y aura pas de livraison. S’agissant des conséquences pour nos clients, je suis confiant dans le fait qu’il n’y en aura probablement pas. Nous avons constitué des réserves souterraines et nos clients ont fait le plein de leurs stocks. Nous pouvons aussi optimiser le flux de gaz transporté via l’Ukraine voisine. Mais si la Biélorussie prélève une partie du gaz que nous destinons à nos clients européens et qui traverse son territoire, ce gaz manquera au système. Je ne peux donc pas exclure un rationnement contraint de notre offre et donc des pénuries pour nos clients. J’invite vivement mes collègues biélorusses à bien réfléchir avant de s’engager dans cette voie.
Source: Le Figaro
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