Le retrait des spéculateurs et l'hiver doux font chuter les cours du pétrole

L'hiver exceptionnellement doux dans l'hémisphère nord, des stocks toujours élevés et le désengagement des investisseurs du marché pétrolier se sont conjugués, ces derniers jours, pour faire chuter les prix du brut à leur plus bas niveau depuis juin 2005.

A Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février a fait une incursion, jeudi matin 11 janvier, sous la barre des 53,69 dollars, tandis que le light sweet crude américain avait clôturé la veille à 54,02 dollars à New York.

Ni la "guerre du pétrole" entre la Russie et la Biélorussie qui s'est finalement achevée mercredi, ni l'enlèvement de 9 techniciens sud-coréens travaillant pour Shell au Nigeria, ni la publication de stocks américains de brut plus bas que prévu n'ont infléchi la tendance.

Aux Etats-Unis, les températures anormalement élevées ont fait chuter de 24 % la consommation de fioul de chauffage par rapport à la moyenne saisonnière, selon les services météorologiques. Cette baisse sans précédent a contribué au gonflement des réserves de produits distillés (+ 3,4 % par rapport à l'an dernier) et a pesé plus que tout sur les cours.

RÉDUCTION DE LA PRODUCTION
Mais un second phénomène est apparu récemment, résumé par ce titre du Wall Street Journal dans son édition de mercredi : "Les investisseurs fuient le marché pétrolier".

Fonds spéculatifs et fonds de pension se désengagent en partie du secteur des matières premières - notamment le pétrole - où ils avaient massivement investi depuis 2004. Ils avaient alors amplifié une envolée des cours due, pour l'essentiel, aux fortes tensions entre une production de pétrole au taquet et une consommation effrénée des Américains et des Chinois.
Qui fait le marché, les fonds d'investissement ou l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ? Depuis l'admission de l'Angola, le 1er janvier, le cartel de Vienne assure 43 % de la production mondiale, sans maîtriser pour autant les prix.

La dégringolade des cours du brut, tombés de 78 dollars début août 2006 à 58 dollars fin septembre, l'avait conduit, mi-octobre, à décidé une réduction de 1,2 million de barils par jour de sa production et ce, dès novembre. L'annonce avait permis une remontée des cours au-dessus de 60 dollars, même si les experts avaient calculé que seulement 600 000 barils étaient retirés du marché.

En décembre 2006, à Abuja (Nigeria), l'OPEP avait décidé une baisse de production supplémentaire de 500 000 barils qui ne doit intervenir que le 1er février.

Mais pour enrayer la chute des cours, le ministre de l'énergie des Emirats arabes unis, et président en exercice de l'organisation, serait favorable à une réunion d'urgence, selon le Daily Telegraph de Londres. Sans attendre la rencontre ordinaire prévue le 15 mars à Vienne.

L'information a été démentie par le porte-parole de l'OPEP, Tareq Amin, qui l'a jugée "prématurée". Les principaux membres de l'organisation veulent attendre février et les effets de la nouvelle baisse sur le marché avant de prendre une décision sur la production.

"Les ministres sont en consultation et s'inquiètent du recul des cours", a reconnu M. Amin. Les Etats membres de l'OPEP ne veulent pas que le baril tombe sous la barre des 50 dollars, certains jugeant que son juste prix serait plutôt à 60 dollars. C'est notamment le cas du Venezuela et de l'Iran, qui ne parviennent pas à exploiter au mieux leurs ressources et à remplir leurs quotas de production en raison de la faiblesse de leur industrie pétrolière.
Source: Le Monde

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