Romano Prodi rappelle l’Enel au souvenir de Suez et GDF

L’AMBIANCE était bonne hier, à Lucques en Toscane, lors du sommet franco-italien qui s’est tenu en présence de Jacques Chirac et de Romano Prodi. Sur le front économique, pourtant, tous les désaccords n’ont pas été levés entre le chef de l’État français et le président du Conseil italien. Le second s’est même autorisé à lancer une petite phrase aux allures de pavé dans la mare, estimant que le « délai » imposé par la justice française à la réalisation de la fusion entre Suez et Gaz de France « sera très utile pour reprendre les discussions amicales entre compagnies françaises et italiennes ». La déclaration ne manque pas de sel, sachant que cette fusion a été précipitée par les ambitions d’offre hostile sur Suez prêtées au groupe italien public Enel, et que le « délai » en question n’a rien d’une bonne nouvelle pour les pouvoirs publics français ! Mais, au-delà de son côté provocateur, la prise de position de Romano Prodi signifie que Rome compte profiter de l’occasion pour replacer l’Enel dans le jeu. Le groupe italien se positionne plus que jamais pour se porter acquéreur des actifs que devra céder le groupe français, mais aussi le cas échéant, comme alternative si la fusion entre Gaz de France et Suez devait échouer.

Les initiatives hostiles exclues

Jacques Chirac n’a rebondi que sur une partie des propos de Romano Prodi, dont le chef de l’État français a dit « partager le sentiment (…) selon lequel il faut favoriser les rapprochements amicaux en Europe ».

Le message n’est pas que théorique, alors qu’hier Les Échos et La Tribune ont fait état de la préparation par Saipem, une filiale du pétrolier italien ENI, d’une offre sur le français Technip. L’affaire n’a publiquement été évoquée que par le ministre du Développement économique. Pier Luigi Bersani a exclu les « initiatives hostiles », ajoutant : « Je vois des entreprises qui, si elles collaboraient, pourraient avoir un rôle mondial. » Enfin, les deux gouvernements ont abordé hier le « serpent de mer » du rapprochement entre Air France-KLM et Alitalia que Jacques Chirac a estimé « souhaitable ». La compagnie franco-néerlandaise a formalisé hier ses conditions. À charge pour le management d’Alitalia, sommé par le gouvernement Prodi de trouver une solution d’ici à la fin janvier, de réunir les conditions d’une restructuration. Le dossier demeure difficile, la classe politique et le gouvernement italiens se divisant sur les choix qui se présenteront à Alitalia, comme la répartition des rôles entre les aéroports de Milan et Rome.

Source: Le Figaro

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