Alors que la Russie et la Géorgie s'étaient accordées mercredi pour "aplanir" leurs relations tendues, le géant gazier russe Gazprom a singulièrement refroidi le climat, jeudi 2 novembre : le groupe, très lié au Kremlin, a réclamé un doublement du prix de ses fournitures gazières pour 2007, adressant à Tbilissi une offre de livraisons de gaz à 230 dollars les 1 000 m3, contre 110 dollars actuellement. "C'est une première proposition, elle va être négociée", a tempéré Denis Ignatiev, du service de presse de Gazprom.
L'offre est intervenue au moment où le ministre des affaires étrangères géorgien, Guela Bejouachvili, terminait à Moscou les premiers entretiens russo-géorgiens de haut niveau depuis le début, il y a plus d'un mois, d'une grave crise diplomatique. Il y a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov, mais n'a fait état d'aucune percée sur les dossiers qui opposent les deux voisins.
Les relations russo-géorgiennes, tendues depuis l'arrivée au pouvoir du président pro-occidental géorgien Mikhaïl Saakachvili en 2004, sont au plus bas depuis l'interpellation, fin septembre en Géorgie, de quatre officiers russes, accusés d'espionnage. Ces derniers ont été expulsés vers la Russie comme demandé par Moscou, qui a toutefois pris des sanctions : ses liaisons aériennes, terrestres et maritimes et ses services postaux avec la Géorgie ont été suspendues, et des centaines de Géorgiens en situation illégale en Russie ont été expulsés.
DÉCISION "POLITIQUE"
M. Bejouachvili a prévenu que Tbilissi pourrait utiliser son droit de veto dans les négociations en vue de l'entrée de la Russie à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Sur le dossier du gaz, il a estimé que l'offre de Gazprom était "fondée sur la politique et non sur l'économie". "Nous devrons regarder d'où découle un tel prix, c'est le même prix que pour les pays d'Europe de l'Est. Or, comme la Géorgie est plus proche de la Russie, le prix du transit de gaz ne devrait pas être si élevé", a-t-il souligné depuis Moscou.
Les prix du gaz augmentent en principe avec la distance entre le pays acheteur et la Russie, le producteur répercutant ainsi les frais de transport. Mais Gazprom est soupçonné de moduler ses tarifs en fonction des relations politiques de la Russie avec ses pays clients. Ainsi, la Biélorussie ou l'Arménie bénéficient de prix plus bas.
La hausse du prix du gaz livré à la Géorgie est justifiée par "la hausse des prix mondiaux des hydrocarbures", assure-t-on chez Gazprom. M. Bejouachvili a dit avoir reçu l'assurance de Moscou que "le gaz et l'électricité ne seraient pas coupés" cet hiver, mais les négociations s'annoncent ardues. Début 2006, Gazprom avait brièvement coupé ses livraisons de gaz à l'Ukraine après un conflit sur les prix du gaz, déclenchant une panique dans les pays européens, qui voyaient la pression dans leurs gazoducs baisser.
Source: Le Monde
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