Le report annoncé de la fusion entre Suez et Gaz de France (GDF) ne laisse pas indifférent le groupe d'électricité italien Enel, qui avait échoué dans sa tentative d'offre d'achat (OPA) sur Suez en février.
Romano Prodi l'a confirmé, vendredi 24 novembre, à Lucques (Toscane), à l'issue du 25e sommet franco-italien. "Le délai de la décision sera très utile pour reprendre les discussions amicales entre les entreprises italienne et française", a lancé le président du conseil.
Toutefois, selon M. Prodi, s'il devait y avoir, côté italien, une reprise de l'offensive, ce serait en toute amitié : "Dans le domaine de l'énergie, il faut bannir les comportements hostiles", a-t-il insisté. Un code de conduite partagé par Jacques Chirac : "Il faut privilégier en Europe les relations sur une base amicale et équilibrée", a ajouté le chef de l'Etat français. Vis-à-vis de l'Italie, il a prôné un "renforcement du partenariat énergétique sur la base d'alliances amicales".
La fusion entre Suez et GDF "reste et demeure notre priorité stratégique", a réagi Gérard Mestrallet, le PDG de Suez, assurant que "l'intérêt de cette fusion est supérieur à celui de tout autre projet".
M. Mestrallet a ajouté qu'Enel pourrait se porter acquéreur de certains actifs après la fusion GDF-Suez : "Dans le cadre des remèdes acceptés par la Commission européenne, et après la fusion de nos deux groupes, nous sommes ouverts à des coopérations amicales avec d'autres entreprises européennes pour la mise en oeuvre de ces remèdes."
ENI DÉMENT TOUTE OPA SUR TECHNIP
Le sommet de Lucques devant marquer la fin des hostilités franco-italiennes, l'hypothèse d'une OPA du géant pétrolier ENI, via sa filiale à 43 % Saïpem, sur le groupe parapétrolier français Technip, annoncée comme imminente (Le Monde du 25 novembre), était mal venue à quelques heures de la rencontre.
L'entourage du président du conseil italien s'est efforcé d'en minimiser la portée : l'intérêt d'ENI pour Technip existe d'un point de vue industriel, mais s'il devait y avoir une approche capitalistique elle ne serait pas inamicale.
"Je vois des entreprises qui, si elles collaboraient, pourraient jouer un rôle mondial", a glissé Pier
Luigi Bersani, le ministre de l'industrie transalpin. La direction d'ENI, dans un communiqué, a assuré qu'"aucune OPA n'est à l'étude vis-à-vis de Technip".
Bref, il n'était pas question de troubler le climat de concorde d'une rencontre bilatérale qui a vu la signature d'une dizaine d'accords et d'engagements dans la recherche, l'énergie et les transports.
L'autre sujet industriel du moment entre les deux pays est l'éventuelle fusion entre Alitalia et Air-France-KLM. Juste avant le sommet franco-italien, Jean-Cyril Spinetta, le patron d'Air France, avait annoncé des "discussions exploratoires" entre les deux compagnies.
M. Chirac s'est dit "favorable" à un tel rapprochement, précisant qu'Air France avait envoyé une mission, le jour même, à Rome pour faire le point avec les dirigeants de la compagnie italienne.
Selon M. Prodi, la question n'a pas été abordée par les deux hommes à Lucques. La coalition au gouvernement en Italie est très partagée sur la solution française, préconisée par la direction d'Alitalia, qui met des conditions draconiennes à un éventuel mariage. Dans un entretien au Figaro, M. Prodi a exprimé récemment ses "doutes" sur "les vraies intentions d'Air France", craignant un dépeçage d'Alitalia.
Certains ministres ont évoqué la piste d'une alliance avec une compagnie asiatique. D'autres préconisent un rapprochement avec Air One, filiale italienne de Lufthansa. Selon l'influent maire de Rome, Walter Veltroni, des entrepreneurs italiens pourraient être intéressés.
Malgré une recapitalisation de plus d'un milliard d'euros fin 2005, la situation financière d'Alitalia a été jugée en octobre "hors de tout contrôle" par M. Prodi, qui a fixé à fin janvier 2007 l'échéance pour éviter la faillite.
Source: Le Monde
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